Est-on responsable pour toujours de ce que l’on a apprivoisé ?

Confrontation de deux situations, deux événements: prospective, analyse, décodage, hypothèses... Mise en perspective, mise en parallèle, décryptage, décodage… quand on fait le rapprochement entre deux idées ?

Il y a quelques jours, des ressortissants d’origine roumaine, une soixantaine appelés Roms, prenaient leur envol pour un retour dans leur pays, conduits à cette décision par les événements, mais de leur plein gré diront certains. C’était à l’aéroport Saint Exupéry de Lyon.
Les adultes interrogés par les journalistes de médias audiovisuels déclaraient qu’ils partaient en accord avec des dispositions prises par nos administrations et services et suite aux propositions faites. Avec l’aide accordée, ils essaieraient de s’en tirer là-bas. Une fillette pour sa part confiait qu’en France elle avait appris notre langue, à lire, à compter, à s’exprimer et son propos le montrait de façon éclatante, comparé à celui des grandes personnes. Elle ajoutait que son désir était de revenir en France un jour, car c’est là qu’elle avait appris tout ce qu’elle savait, semble t-il même, avec entrain et détermination.
Elle était donc allée à l’école de notre pays, elle avait fait corps avec ce que l’on enseigne dans les écoles de la République, on l’avait imprégnée de notre pédagogie, on lui avait donné une éducation qu’on met par ailleurs en exergue… On l’avait apprivoisée pourrait-on dire!

Le Petit Prince
On l’avait apprivoisée, au sens justement où de notre point de vue, l’entendait Saint Exupéry, celui dont on avait (coïncidence) donné le nom à cet aéroport. C’était au cours de l’échange qu’il nous proposait alors (toujours d’actualité), entre le renard et le petit prince.

« Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?
- C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Cela signifie "créer des liens ..."
- Créer des liens ?
- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
- Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur ... je crois qu'elle m'a apprivoisé ... »

Et le petit prince apprivoisa le renard à la demande de ce dernier. Mais ils devaient se quitter, non sans que le renard ne lui confie un dernier secret.

« Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. »

La symbolique que l’on dégage généralement de ce passage de Saint Exupéry (c'était dans le Petit Prince en 1943), est que l’on est responsable pour toujours de ce que l’on a apprivoisé, que cela ne donne pas pour autant un pouvoir sur l’autre mais génère plutôt une responsabilité, crée une obligation de suivi, des devoirs.