jeudi 3 décembre 2009

En souvenir des morts de Malpasset en 1959 et de la guerre d’Algérie

Il y a 50 ans le 2 décembre 1959 au soir, peu après 21 heures, le barrage de Malpasset dominant la vallée de Reyran et la plaine de Fréjus dans le Var, cédait sous la poussée des eaux. La pluie abondante sur les dernières semaines avait amené la réserve d’eau en amont, à un niveau jamais atteint depuis sa mise en fonction, en 1954.
L’ouvrage culminait à 59 mètres et l’on estima que 50 millions de mètres cubes d’eau s’étaient trouvés libérés en quelques minutes. Les chiffres retenus attestent de 423 morts directs, 50 fermes rayées de la carte, 951 immeubles dévastés dont 150 détruits, 2,5 kilomètres de voie ferrée et un train emportés, tout comme 1,5 kilomètre de route, sans oublier les 1500 hectares de terrain ravagés et des centaines d’animaux qui ont péri…
Six mois après, l’architecte principal concerné par cet ouvrage se suicidait. Pourtant, quelques années plus tard en 1967, les tribunaux ne retenaient pas de faute humaine mais des problèmes liés à la nature.
Après 50 ans de retenue
Si nous évoquons cet événement, c’est parce qu’à l’époque il nous avait marqué comme il avait marqué toute la France et qu’il aura fallu un demi siècle et plus pour que les personnes les plus concernées, celles qui ont survécu à la tragédie et celles qui en cette circonstance avaient perdu un ou plusieurs membres de leurs familles, puissent commencer à en parler, comme en attestent de nombreux témoignages relatés ces derniers jours, dans les journaux, dans les radios et sur les chaines de télévision.
Au passage nous nous permettrons juste de remarquer que sur RMC hier matin, en évoquant Malpasset, on parlait d’une vague de 60 mètres de haut, qu’à 13 heures sur la « Une » cette vague était de 50 mètres alors que le correspondant sur place, sollicité dans cette même émission, parlait de 40 mètres. Ceci pour dire de nouveau que l’information est un point de départ et qu’il convient d’être attentif aussi bien lorsque l’on informe que lorsque l’on reçoit l’information. Dans nos écrits, nous n’échappons à cette prescription de précaution.
Si nous nous penchons sur cet événement, c’est également parce qu’à cette même période, le Pays connaissait par ailleurs une situation aussi dramatique, outre Méditerranée, en Algérie. Là aussi, alors que cet épisode de notre histoire allait connaître un terme avec la signature du cessez le feu qui allait intervenir quelques années après, le 19 mars 1962 à midi, il aura fallu une cinquantaine d’années pour libérer la parole. Et encore…
Commémoration du 5 décembre
Par un anachronisme qui appartient aussi à l’histoire, la date retenue pour rendre hommage aux morts d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, approuvée en Conseil des ministres le 17 septembre 2003, a été fixée arbitrairement au 5 décembre.
Une cérémonie est prévue à Provins, avec un rassemblement à 9h30 Square de Verdun, suivi d’une allocution et d’un dépôt de gerbes. Il est évident que pour ceux qui se trouvaient en Algérie au printemps 1962 et qui y furent maintenu encore une année supplémentaire pour assurer du maintien de l’ordre, et nous en fûmes, c’est la date du 19 mars qui garde tout son sens, même si par civisme et souci d’apaisement on admet ce 5 décembre. On aurait pu admettre la date du 2 juillet car ce fut en 1962 la date limite pour être reconnu en étant en Afrique du Nord, comme Ancien Combattant. Mais cette commémoration en métropole, aurait eu lieu le même jour que la fête de l’Indépendance en Algérie. Et, au début de ce 21ème siècle, nous n’étions pas encore prêts à faire cohabiter ces deux événements…

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