mercredi 7 octobre 2009

Hommage à Willy Ronis, le correspondant de paix






De façon assez habituelle, Willy Ronis a été pris pour un Américain. Sachant qu’il s’appelait Ronisen, fils d’un émigré juif musicien d’Odessa (Ukraine) et d’une pianiste juive lituanienne ayant fui les progroms au début du 20ème siècle qui s’installèrent dans le 9ème arrondissement de Paris, l’aurait-on pris pour un Français pour autant ?
Celui qui allait devenir le photographe renommé que l’on sait, y naquit le 14 août 1910 et parcourut pratiquement tout le siècle, son œil rivé à l’objectif, puisque décédé le 11 septembre dernier, à l’âge de 99 ans ? Il réalisa sa dernière série de photos en 2001.
Il fut effectivement considéré comme un des plus grands photographes humanistes de ce siècle précédent, le disputant aux Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Édouard Boubat, David Seymour (appelé ‘‘Chim’’), Andor Kertész ou Brassaï (Gyula Halàsz), ceux que Jacques Prévert appelait les ‘‘correspondants de paix’’, bien qu’ils aient connu les guerres de cette première moitié du siècle.
À l’École française d’enseignement technique (EFET) de la rue de Picpus, à Paris, dans les années 70, où il était encore de mise de suivre assidûment les cours (prises de vues photographiques, reportages, laboratoire), comme à l’école de photo-journalisme de la rue de la Bourse (le CFJ, centre de formation des journalistes), Willy Ronis avait toujours accepté de quitter quelques jours le sud-est de la France où il enseignait la photographie (il avait même créé aussi, sa propre école), pour venir à la demande de nos professeurs respectifs auprès desquels il faisait référence, nous faire partager son expérience, son vécu, sa vision du monde dont il aimait mettre les plus humbles en valeur, et servir leur cause.
Une de ses formulations que nous avions retenues était que les photos parlent au-delà des photos, comme les mots au-delà des mots, et qu’il peut être intéressant d’anticiper ce qui peut nous échapper de façon consciente à première vue, pour mieux l’analyser ensuite. Et puis, nous confirmait-il, il y a des lapsus photographiques, comme il y a parfois des lapsus dans nos expressions. (Lapsus linguae quand on parle ou lapsus calami quand on écrit). Par contre, il n’y a pas encore de terme pour désigner le lapsus photographique.
Il nous avait également révélé qu’il aimait croire que les chiffres parlent au-delà des chiffres. Sur ce plan, qu’il soit décédé un 11 septembre 2009 à 99 ans n’a pas dû lui déplaire!

Nous avons sélectionné quelques photos extraites d’une série prise lors de la dernière course de la Foulée saint-briçoise, photos qui à notre sens, correspondent assez bien à la vision populaire et simple qu’il avait des événements, et qui n’auraient pas dû lui déplaire, de même. Une façon de lui rendre hommage… et de saluer le bilan qui vient d’être fait lors de la dernière réunion de cette association dans laquelle se revendiquer d’être un bénévole a gardé tout son sens.

Légendes: Comme base, nous proposons des légendes pour chaque photo. Il est évident que la place est ouverte à toutes autres analyses de bon aloi et qu’on peut aller au-delà de ce que l’on capte à première vue.

- Adulte et deux fillettes sur un mur, au-dessus de la barre supérieure d’un panneau électoral. Photo avec des lignes de force et de dynamique. Aussi avec des éléments communs aux trois sujets, mais aussi d’autres qui les différencient.
- L’entre-haut et bas d’une sportive peut donner place à des informations pas forcément prévues, à première vue. Et permet une photo qui peut avoir un intérêt graphique…
- Ces enfants qui s’élancent, évoquent bien les « gosses » chers à Ronis, Doisneau…
- Contre-champ intéressant que ce coureur qui devient le spectateur des personnes qui regardent passer la course. Ses haut et bas sont en phase avec les bleus différents des deux véhicules. Et puis, il y a ces quatre taches rouges qui ressortent…
- Une anticipation que n’aurait peut-être pas reniée Ronis, s’il avait été saint-briçois de ces dernières années. Les deux maires réunis comme pour une passation qui, tout bien considéré aurait pu se produire il y a déjà 18 mois ! Et sur cette photo, comme sur les autres, il y a encore bien des choses à voir. Mais là, on est dans le domaine de chacun…

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