dimanche 23 août 2009

« Touchez pas à nos grenouilles! ».


Nous ne pensions pas que l’on affectionnait les grenouilles à ce point, à Saint Brice! On imaginerait même la création d’une association de sauvegarde des batraciens en perdition… Et ça se comprend, surtout dans quand on réalise que dans ce charmant petit village, les rainettes vertes et autres apparentées auraient tout pour être heureuses, jusqu’à ce ru qui le traverse et qui leur réserve d’adorables petits coins de verdure et de fraîcheur.
Dans ce même élan qui animait tous ceux qui nous en ont parlé depuis que nous avons évoqué cette malheureuse histoire de marmite, nous proposons ce poème de Raymond Queneau, qu’il avait tout simplement intitulé: « Grenouilles »

Ne coassons pas
Dit crapaud papa ;
Nul coassement
Dit crapaud maman ;
Moi pas coasser
Dit crapaud jeunet.

Ils en font du bruit
Dit le vieux marquis ;
Vite une corvée
Disent les laquais ;
Ça, c’est pas marrant
Dit le paysan.

Si j’avais su ça
Dit crapaud papa,
Au lieu de nous taire
Dit crapaud mémère,
Nous aurions chanté
Dit crapaud jeunet.

Ce que l’on retiendra, c’est qu’il faut surtout ne pas se taire, même quand on n’est qu’une grenouille. Il n’y a pas plus muet (muette) que celui (celle) qui ne veut pas entendre! Certes autrement, il y a ceux (celles) qui sont plutôt secrets (secrètes), les « motus et bouches cousues » (connaissez-vous l’histoire de la grenouille à grande bouche ?), les timides, les discrets (discrètes), les pudiques, les réservés (réservées), les « à quoi ça servirait, puisque de toute façon, ça changerait rien ».
Certes, il a aussi des silences qui en disent plus que des grands discours! C’est pourquoi, mieux vaut ne pas nous étendre davantage. Mais alors, quoi? En fait, se taire, c’est renoncer à s’exprimer, c’est accepter le retour à la servitude, c’est n’être que le pâle instrument occasionnel de l’autre. Ce n’est pas parce qu’elles sont toutes petites que les grenouilles n’ont pas le pouvoir de se faire entendre. Écouter les, le soir par exemple, aux abords d’une mare, d’un ru… Seulement, si on les entend alors si bien, c’est parce qu’elles sont ensemble, d’une même voix. Ce qui fait leur importance, aussi petites soient-elles, c’est leur nombre!

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